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RechercherDerniers commentairesexcellente critique, m. bernier. m. abraham est un sociologue qui enseigne à hec. je doute qu'il ait jamais im
Par Anonyme, le 16.11.2020
je n'aime plus
je veux que tu écris la fable avec une récapitulatio n.. c'est plus bien
Par Amel, le 01.04.2017
@m. marc brullemans
merci pour l'invitation. je serai en classe avec mes étudiants(es) de physique demain
Par philosophiescience, le 02.05.2016
plusieurs scientifiques du regroupement vigilance hydrocarbures québec (rvhq.ca) et du collectif scientifique
Par Marc Brullemans, le 02.05.2016
ce projet est tout simplement celui de la bêtise humaine ou quand l'argent fait perdre la raison! nous, pauvre
Par Brigitte Garneau, le 02.05.2016
Date de création : 13.02.2011
Dernière mise à jour :
01.10.2025
47 articles
...
L’exemple le plus récent de ce genre de littérature qu’il m’ait été
donné de rencontrer est un livre publié en 2007 par l’Université
Interdisciplinaire de Paris (UIP)47. L’auteur, M. Jean Staune, trouve
une place pour Dieu dans les interstices laissés béants par la science aux
divers endroits suivants: premièrement, la non-localité de la matière
au niveau particulaire; deuxièmement, l’existence des contraintes
internes dans l’évolution des formes vivantes, qu’il interprète comme
le résultat de l’existence d’un plan fondamental pour les formes du
vivant; enfin, l’existence, chez l’homme, d’une conscience réflexive
par laquelle Dieu peut s’ingérer dans les affaires du monde. Chaquediscussion, du point de vue scientifique, est dabord bien menée. Puis,
comme c’est courant dans ce genre littéraire, l’auteur pointe du doigt
les explications manquantes, et y insère son Dieu, sonGod-of-the-Gaps.
Il ne se gêne pas pour suggérer l’existence d’une sorte de complot
organisé par la communauté scientifique, vue comme parfaitement
monolithique, pour empêcher la publicisation de ces faiblesses de
la science. L’ouvrage se termine par une postface rédigée par un
autre membre de l’UIP. Ce dernier n’hésite pas à nous présenter un
discours à la Sarkozy, un appel aux valeurs d’avant Mai 68, avec une
vraie morale. ‘Contribuer au réenchantement du monde, selon le mot
de Prigogine, tel est le véritable but de cet ouvrage’48, nous dit l’auteur
de la postface. À la lecture, on s’en était douté.
Les frères Bogdanov, eux, choisissent le seul instant du début de
l’univers comme interstice pour insérer leur Dieu. Ils le font à travers
toute une série de livres populaires dans chacun desquels ils n’ont de
cesse que d’insister sur le caractère mystérieux de l’ajustement fin des
constantes de l’univers.
Contribuer au réenchantement du monde, c’est peut-être aussi ce à
quoi vise le physicien Bernard d’Espagnat dans son argumentation en
faveur d’unréel voilédont il dit qu’il pourrait être vu comme étant de
nature spirituelle. Cette ouverture vers l’Être fondamental, il la voit
comme une permission qu’il redonne au scientifique de considérer
avec bénévolence les émotions profondes en lui qui l’appellent à
‘tendre–avec confiance et persévérance- vers quelque chose qu’il ne
47Staune, Jean,Notre existence a-t-elle un sens?,Paris, Presses de la Renaissance, 2007, 533 p
48ibid,p. 489
52
pourra jamais vraiment atteindre et qui, de ce fait, tel un horizon,
participe de la transcendance.’49Pour d’Espagnat, il semble qu’il faille
qu’il existe une transcendance pour que le scientifique soit motivé
à fournir son effort à la recherche. Ailleurs, le même auteur accuse
encore ‘l’abandon progressif de toute référence au réel’ d’être peutêtre
la cause d’une ‘artificialité croissante’ qu’il trouve dans la poésie
et dans les arts modernes en général50. Pour d’Espagnat, la pensée que
l’Être existe pourrait être une source acceptable de motivation à aller
plus loin, plus haut. C’est semble-t-il cette permission qu’il veut nous
redonner. Ce faisant cependant, il a mis sa pensée en porte-à-faux,
comme le montre bien le fait que ses travaux soient couramment cités
par l’auteur Jean Staune auquel je viens de référer. Je ne suis pas sûr
que d’Espagnat souscrirait à tout ce qu’on lui fait dire.
Permettez-moi de continuer ici sur une note plus personnelle. Vers
le milieu des années 1980, donc cinq ou six ans après la rédaction de
la première version du présent ouvrage –version où j’arrivais à une
formulation personnelle duDessein Intelligent, je m’en confesse à
nouveau- je fis la connaissance, à travers quelques-uns de ses livres, du
philosophe français Claude Tresmontant.
En lisant son ouvrageComment se pose aujourd’hui le problème de l’existence
de Dieu51, je découvris un philosophe qui avait parcouru le même
chemin que moi et en était arrivé aux mêmes conclusions. Mais, là,
un vrai philosophe. D’une érudition réconfortante sur les capacités
de la bête humaine. En plus d’avoir une compréhension approfondie
des divers domaines de la science que j’avais moi-même commencé à
explorer dans le cadre de ma recherche, Tresmontant montrait une
maîtrise impressionnante des grands textes de la métaphysique.
Je dévorai cet ouvrage en savourant ce genre de plaisir qu’on peut
avoir à mener une conversation par-dessus la clôture avec quelqu’un
qui partage vos vues et vous renvoie une image flatteuse de vousmême.
Mais, tout au long de cette lecture, un sentiment de mauvaise
conscience grandissait en moi. Il y avait cette atmosphère généralisée
de mise au défi de la science. Une façon de présenter à la science des
défis qu’elle ne pourrait jamais relever, dans le but à peine effleuré à la
fin de l’ouvrage de sauver Dieu.
Tresmontant trouve trois interstices, troisGaps,dans lesquels
placer l’action nécessaire du Dieu créateur: le surgissement de l’être
(Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?), l’organisation de
la matière qui mène à la vie et, enfin, l’existence de la conscience
(humaine). Mon lecteur aura noté que ces interstices sont les mêmes
que ceux que j’avais moi-même identifiés. D’autres en trouveront plus.
Insatisfaits de la théorie de l’évolution, ils trouveront un interstice à
chaque nouvelle espèce par exemple. Mais bon. L’idée de base est là.
Malgré toutes ses préventions, Tresmontant trouve son Dieu là où la
science n’a pas encore de réponse.
Près de trente ans plus tard, je me retrouve assez satisfait des réponses
de la science pour ce qui concerne l’avènement de la vie et celui de la
pensée. Le seul interstice que je concède encore à Tresmontant, c’est
celui du temps zéro du surgissement d’être que constitue l’existence
d’un univers. À partir de là, je pense que la nature contient en ellemême
les possibilités d’auto-organisation requises pour monter
sans aide tous les degrés jusqu’à et y compris celui de la conscience
humaine.
Je pose une question à Tresmontant (et aux émules duDessein
Intelligent). Que pense-t-il avoir gagné? Ce Dieu qu’il a sauvé, n’est-il
pas un Dieu chiquenaude, qui a mis l’univers en mouvement et ne peut
plus que le regarder aller? Un Dieu qui ne peut opérer de miracles, qui
ne peut se permettre de répondre à nos prières sous peine de briser
l’ordre cosmique par lui institué. Un Dieu, enfin, qui ne peut même
pas descendre sur Terre pour nous tendre les Tables de la Loi.